L’emploi des personnes vivant avec un handicap psychique a longtemps été considéré en France comme un objectif impossible. Or, le travail favorise l’inclusion sociale et améliore l’estime de soi. Dans certains cas il a même un intérêt thérapeutique en favorisant le rétablissement.Le handicap psychique concerne aussi l’entreprise avec 1 salarié sur 5 atteint de ces troubles.

Troubles psychotiques, schizophrénie, dépression, troubles bipolaires, troubles anxieux, obsessionnels compulsifs, addictions, les troubles psychiques génèrent beaucoup de souffrance. Mais, invisibles, ils ne sont pas facilement identifiés par l’entreprise et souvent cantonnés à la sphère privée.

Quelles conséquences ?

Les salariés en difficulté psychique alternent arrêts maladie et périodes d’activité, puis enchaînent avec des arrêts de longue durée. A la fin, ils finissent par quitter l’entreprise. Certaines personnes sont dans le déni, d’autres éprouvent de la honte et ne l’abordent pas avec l’employeur. Les employeurs de leur côté ont peur de ne pas savoir comment agir face à cet handicap. Pourtant de nombreux salariés pourraient bénéficier du statut de travailleur handicapé leur assurant des solutions de maintien en emploi et permettre à l’entreprise d’initier un suivi individuel.

Cette boîte à outils a pour objectif  : 

• De vous aider à appréhender ce handicap et à disposer de clés opérationnelles pour employer et maintenir dans l’emploi les personnes touchées par des troubles psychiques

• De comprendre l’effet de la stigmatisation concernant les troubles psychiques et ce qu’ils sont en réalité

• De mieux identifier leurs manifestation et les troubles handicapants qu'ils génèrent

• De vous aider à accompagner l’intégration ou le maintien en emploi de salariés concernés 

On appelle "trouble psychique" la conséquence de toute perturbation affectant la santé mentale. Malgré la loi de 2005 qui a reconnu les troubles psychiques comme source possible de handicap, il n’existe toujours pas de définition du handicap psychique unanimement admise. 


Deux définitions sont fréquemment utilisées : 

  1. « Un dysfonctionnement de la personnalité caractérisé par des perturbations graves, chroniques ou durables du comportement et de l’adaptation sociale » (collège psychiatres)
  2. « Le handicap psychique est un déficit relationnel, des difficultés de concentration, une grande variabilité dans la possibilité d’utilisation des capacités alors que la personne garde des facultés intellectuelles normales. »  (UNAFAM, principale association représentant les malades et leurs familles)


En matière de santé mentale, nous ne sommes pas tous égaux. Certains auront un terrain plus propice à l’apparition de troubles psychiques. Ces troubles peuvent apparaître à tout âge de la vie avec plus ou moins d’intensité. Cependant, la schizophrénie et les troubles bipolaires surviennent majoritairement entre 15 et 25 ans en pleine phase d’apprentissage et d’entrée dans la vie active.

Le handicap psychique va plutôt faire appel à des craintes concernant la mise en échec de l’organisation du travail, la déstabilisation d’un manager, l’inquiétude voire la mise en danger de l’entourage professionnel par exemple. Ce qui est  différent de ceux rencontrés pour d’autres types de handicap pour lesquells il s'agit plutot de savoir si la personne est compétente, s’il va falloir aménager le poste... 
Les stéréotypes vis-à-vis du handicap psychique sont importants et systématiquement négatifs (contrairement aux autres formes de handicap) : irresponsables, incurables, dangereux, associables sont autant de représentations associées au handicap psychique… Cela a pour conséquence un taux de chômage de ces personnes 3 à 5 fois supérieur.

Nous avons vu l’impact en terme de taux d’emploi. Mais les stéréotypes vis-à-vis des personnes ayant des troubles psychiques ont d’autres effets graves comme l'infographie ci dessous le montre.

Ce cercle vicieux diminue considérablement les chances d’un parcours de rétablissement, pourtant possible !

Sachez que seuls les médecins psychiatres sont habilités à diagnostiquer les troubles psychiques, même si les médecins traitants et les médecins du travail y sont souvent confrontés ! C’est un travail d’expert, très complexe. Ainsi, il faut en moyenne 8 à 10 ans aujourd’hui entre les débuts des symptômes et le diagnostic de troubles bipolaires en France.


Il est important de ne pas utiliser les courtes définitions proposées ici pour poser sur un salarié une « étiquette » qui aurait toutes les chances d’être erronée.

La dépression

  • Tristesse durable, inhabituelle, pas spécifiquement reliée à une cause.
  • Elle est caractérisée par une vision négative de soi et du monde, un ralentissement psychomoteur qui peut lors des phases aiguës se traduire par une absence de toute initiative. 
  • Douleur morale importante, signes physiques comme des troubles de l’appétit et du sommeil.

Les troubles bipolaires

  • Autrefois appelés psychoses maniaco-dépressives. 
  • Appartiennent à la catégorie des troubles de l’humeur.
  • Il en existe plusieurs types, caractérisés par une alternance de phases dépressives et de phases d’exaltation (dîtes maniaques).

La schizophrénie

Principales caractéristiques : 

  • des délires, parfois des hallucinations visuelles ou auditives, des perturbations du cours de la pensée et de l’affectivité. 
  • Raisonnements illogiques, isolement social, conduites étranges. Peut-être associée à des troubles de l’attention et de la mémoire.

Les troubles anxieux

  • Formes de peurs ou d’anxiété anormales ou pathologiques. 
  • Le principal trouble anxieux est le trouble anxieux généralisé, l’attaque de panique, la phobie et le trouble obsessionnel compulsif (plus connu sous le nom TOC).

Les troubles de la personnalité

On parle de troubles de la personnalité quand 
certains de ces traits de caractères sont très 
marqués, figés ou qu’ils deviennent inadaptés 
aux situations.

Les addictions

  • Pathologies cérébrales définies par une dépendance à une substance (tabac, alcool, drogues...).
  • Ou une activité (jeux, sexe...), avec des conséquences nuisibles.

Handicap psychique et handicap mental : ce n'est pas la même chose !


On a beaucoup tendance à les confondre et pourtant leurs conséquences, notamment sur l’emploi, sont très différentes. Voici pourquoi :

  • le handicap psychique n’a pas pour conséquence une limitation des facultés intellectuelles, même s’il peut constituer un frein à leur mise en œuvre en provoquant des troubles cognitifs comme des troubles de la mémoire ou un ralentissement de la pensée. Mais les conséquences cognitives ne sont pas irréversibles.
  • là où le handicap mental est caractérisé par une grande stabilité, le handicap psychique est marqué par une variabilité importante dans ses manifestations. Il peut y avoir des périodes de crises parfois aigues pouvant impliquer des soins rapprochés, voire une hospitalisation. Elles sont suivies d’étapes de stabilisation, où des symptômes peuvent perdurer mais où la personne va peu à peu reprendre pied.
  • la prise d’un traitement parfois à vie, une bonne hygiène de vie, un accompagnement par des professionnels de la santé mentale vont être essentiels pour le handicap psychique.
  • et n'oublions pas que le handicap mental est souvent présent dès la naissance, alors que le handicap psychique peut survenir à tout âge.


Attention la dépression, le burn out, le deuil, la précarité, les psychotraumatismes, le stress sont des situations de souffrance psychique qui ne conduisent pas forcément à un handicap psychique. Mais ces situations peuvent conduire à des troubles psychiques par leur intensité, leur durée et en fonction de la vulnérabilité de la personne.

Aussi, les troubles psychiques ne sont pas toujours ce que l’on croit...


Toutes les personnes atteintes de troubles psychiques ne sont pas nécessairement handicapées par des symptômes. Les troubles peuvent parfois être stabilisés et ne pas gêner le salarié dans sa vie sociale et professionnelle. En effet, les troubles ne se manifestent pas nécessairement par des symptômes spectaculaires ou délirants. Les personnes concernées ne sont pas violentes.


Les situations de handicap psychique ne sont pas toujours définitives : si de nombreux troubles se prolongent, la plupart peuvent être traités, les symptômes réduits et la situation stabilisée.  Même pour la schizophrénie, l’une des maladies psychiques les plus graves, les données montrent qu’environ 1/4 à 1/3 des patients se rétablit complétement et qu’un autre tiers se rétablit suffisamment pour pouvoir travailler. En conséquence, la stabilisation des troubles permet d’envisager une vie où l’insertion professionnelle devient ou redevient possible. Le travail permet alors à la personne de retrouver et d’améliorer ses habilités sociales et professionnelles, et notamment de réentraîner des fonctions cognitives fragilisées par la maladie mentale.


Un aménagement de poste pour une personne ayant un handicap psychique est donc tout à fait possible, même s’il semble souvent plus complexe à réaliser. Il ne prendra pas la forme d’une compensation technique de la déficience (comme c’est souvent le cas pour les autres formes de handicap) mais se réalisera dans l’accompagnement du salarié et/ou d’une réorganisation du travail. Découvrez des aménagements possibles dans "Accompagner le salarié"

> Comment se manifestent-ils ?

La situation handicapante est fonction de l’intensité, de la chronicité, de la durée des symptômes, entraînant des besoins de soins plus ou moins importants. Ainsi, les troubles peuvent être divers :

Troubles cognitifs 

Tous les domaines cognitifs sont concernés : les différents types de mémoire, les capacités d’attention, les fonctions exécutives et les capacités d’organisation de la pensée et de l’action, les capacités d’apprentissage, la vitesse de traitement.

Troubles de la pensée

Pouvant se manifester par exemples par un appauvrissement de la pensée, des idées obsessionnelles

Troubles de la conscience de la maladie

Les personnes ne sont souvent pas conscientes de leurs besoins d’aide ou de soins et ne formulent pas de demandes ou font des projets de vie qui ne sont pas forcément compatibles avec leurs capacités. Cette non-conscience des besoins d’aide ou de soins tend à aggraver la situation de handicap.

Troubles de la cognition sociale

Ils se manifestent par exemple par une incapacité à adopter le point de vue de l’autre, à se mettre à sa place, à se montrer sensible aux émotions d’autrui, ou encore à identifier les rôles sociaux et la signification des situations sociales.

Troubles de l'humeur

Troubles dépressifs ou maniaques

Troubles du comportement

Avec des manifestations pouvant être très différentes d’une personne à une autre comme par exemples l’irritabilité, un repli social fort, une instabilité émotionnelle…

Troubles de la perception

Comme des illusions ou encore des pertes de contact avec la réalité

Troubles du sommeil, de la conscience, de la vigilance

Vous souhaitez approfondir vos connaissances sur la santé mentale et ses répercussions dans l’entreprise ? Accompagner des salariés ? Développer des bonnes pratiques ?

Grâce au guide pratique téléchargeable ci-dessous, vous pourrez mieux appréhender le sujet, avoir les outils nécessaires pour y faire face et accompagner vos collaborateurs.